Au revoir et Merci Patrick !

Le 21 octobre dernier, Patrick Tanner a participé à sa dernière séance du Conseil de ville. Par la voix de Michel Meyer, un vibrant, drôle et émouvant hommage lui a été rendu.


Michel Meyer : "Alors Patrick, c’est sérieux ? Tu nous quittes ? Pas pour une raison futile c’est vrai. Mais pour une fonction d’Etat extrêmement exigeante, nommé en parfaite connaissance de tes qualités par le Gouvernement d’un canton suisse. Pardon du peu ! Une perte pour Saint-Imier qui se prive de son maire. Alors t’en vouloir de nous laisser tomber ? Non, car la fierté qui nous anime à la suite de cette nomination atténue la tristesse que nous inspire ton départ.
J’ai fait un rêve la nuit dernière et je brûle de te le raconter. Nous sommes en 2025, voire 2026, octobre – grand soleil. Saint-Imier est en fête.
Sous la marquise de la gare, le Corps de musique met de l’ambiance. Les autorités sont là. Conseil communal au complet au sein duquel ARC n’est plus majoritaire. Donc tout va bien. Sérénité retrouvée. De nombreux invités, dont plusieurs ont passé la nuit à l’hôtel proche, échangent avec animation. On inaugure la renaissance du quartier est de la gare. Enfin ! Les voyageurs en train découvrent un Saint-Imier qui a belle allure, alors nettoyé de ses gravats et bâtiments vides. Les abattoirs rutilants, la Migros et son grand parking, les Coudres tout neufs. 
Durant toute la semaine précédant l’évènement, la presse locale a publié des communiqués dithyrambiques des partis politiques revendiquant la paternité de ce nouveau Saint-Imier.
Sur le quai de gare, le sujet de conversation préféré a trait au nouveau Comité de pilotage de la fusion. Le Comité bis donc qui a repris l’intégralité des travaux du Comité de pilotage uno. C’est certain, on va revoter et la deuxième tentative sera la bonne. Il fallait d’autres têtes. C’est chose faite.
Le train spécial arrive en gare. Les convives montent à bord pour un long voyage : la halte de la Clef.
Quant à moi, sur mon balcon à la Roseraie, équipé de mes jumelles, j’attends, prêt à dévisager tout ce monde. Le train arrive là en dessous de moi. Les gens sortent du wagon fleuri, décoré aux couleurs de la Cité pour l’occasion.
Et que vois-je ? Tiens ! Tiens ! Un invité illustre. Oui oui c’est bien lui. Encore heureux qu’ils ne l’aient pas oublié : Patrick Tanner en personne. Remarquons que si nos autorités locales (on est bien en 2026 et c’est un rêve !) s’époumonent avec insistance pour affirmer qu’elles portent le mérite de ces magnifiques réalisations inaugurées aujourd’hui, la population, elle, dans les bistrots, dans la rue, sur la place du Marché, le relève avec malice : c’est quand même "notre Tanner de la montagne qui a fait tout ça !!".
Le cortège quitte la halte de la Clef, traverse la route (le passage souterrain n’est pas encore construit) et est attendu à l’asile récemment acheté et rénové par un promoteur chinois. Un gigantesque banquet, offert par le chinois, clôture cette magnifique journée. Alors mon rêve se termine. Heureusement ! Dehors la tempête Henri redouble de fureur.
Venons-en, Patrick, à ton brillant parcours. Pour toi, tout commence en 1995 à Mont-Soleil. T’es le leader d’un groupe d’ados, bien culottés, qui lancent le Festival de Mont-Soleil. Patricia Kaas, Stéphane Eicher, Eskobar et tant d’autres au Mont-So. La claaasse !
Outre l’attachement à ton lieu, que tu veux mettre en valeur, on note déjà chez toi une vision : les transports publics – le vénérable funiculaire est pris d’assaut – et les énergies renouvelables sont à l’honneur. Puisque ton festival est le premier en Europe à être entièrement compensé en énergies vertes.
On remarque tout de suite chez toi ton envie d’engagement pour la chose publique :
En 2002, t’es sur la liste pour le Conseil de ville. Tu finis deuxième ; en 2010, t’es élu au Conseil communal avec le meilleur nombre de voix ; le 24 novembre 2013, tu prends acte de la volonté de Saint-Imier, clairement exprimée, de poursuivre au sein du canton de Berne.
Alliance jurassienne devient Alternative régionale et communale. Des esprits chagrins affirment que le bocal reste le même, seule l’étiquette change.
Avec le même état d’esprit, mais avec des buts renouvelés, tu poursuis ton action : celle d’une politique ouverte et dynamique qui veut réunir les forces imériennes et redonner de l’élan à Saint-Imier.
Les esprits chagrins ne sont pas suivis par la population, qui te reconnaît plein de qualités et, le 30 novembre 2014, t’es élu maire, au premier tour, avec deux tiers des voix.
Et depuis, non seulement dans mon rêve, mais bien concrètement et en t’y consacrant entièrement, tu conduis toutes les magnifiques réalisations que l’on sait. Il y aurait évidemment encore bien plus à dire sur ton dévouement à la chose publique de Saint-Imier et sa région.
Merci Patrick pour la voie choisie et suivie durant tant d’années en faveur de Saint-Imier, avec consistance et conviction. Cette voie, celle de l’union des forces, dans le respect et la considération, mais dirigée au service d’un Saint-Imier ambitieux et ouvert, assumant pleinement son rôle au sein de l’Arc jurassien.
Nous ne saurions prendre congé de toi sans une pensée de reconnaissance à ton épouse et à tes filles, qui t’ont soutenu dans les moments difficiles d’une importante partie de ta vie donnée à la population de Saint-Imier. Nous te souhaitons plein succès dans la nouvelle tâche qui t’attend.
Et si les circonstances font que tu doives une nouvelle fois chanter un hymne patriotique, les bras levés vers le ciel, alors exécute-toi sans retenue parce que t’es un homme bien éduqué qui respecte tes hôtes et leurs valeurs.
Tant pis pour les remarques disgracieuses publiées sur les réseaux sociaux.
Et si tu dois chanter une nouvelle fois, et ça risque bien d’arriver, alors de grâce limite-toi au refrain et apprends-le par cœur, parce qu’à la télé on a très bien observé que tu ne maîtrises pas les paroles.
Tous nos vœux de bonheur et de santé, cher Patrick, à toi et à ta famille."